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6 Généralités sur le bruit |
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Le bruit, une nuisance de plus en plus mal supportée
Michel Vallet, Directeur de recherche, aedifice-mv@wanadoo.fr
A propos de la qualité de vie des Français, les enquêtes successives de l’INSEE, effectuées sur de larges échantillons, mettent clairement en évidence la gêne due aux bruits :
- en 1995, la gêne concerne 55% des habitants de la Région Parisienne
- en 2001, 59% de la même population sont indisposés, 32% le sont souvent, 27% de temps en temps
- La nuisance bruit préoccupait en 1995 davantage, en Région Parisienne, que le vandalisme (46%), que la pollution atmosphérique (23%) ou que les cambriolages de voitures (25%) ou d’appartements (5%). L’ordre est identique en 2001, avec 49% pour le vandalisme et 25% pour la pollution.
La gêne exprimée dépend à la fois des niveaux physiques d’exposition des personnes et de leur sensibilité. L’INRETS (Lambert 1994) a calculé qu’en France, 14% de la population étaient exposés à des niveaux de bruit routier supérieurs à 65dBA en Leq 8h-20h, dont 0,5% (300 000) sont exposés à plus de 70 dBA. La taille de la ville apporte une gêne supplémentaire, et à niveau de bruit identique, il y a plus de personnes gênées dans les grandes agglomérations, la charge environnementale urbaine étant plus forte
La sensibilité peut être de type auditif (cf. l’exposé de D.Loth) ou psychosociale (croyances et attitudes vis à vis des sources et des gestionnaires des moyens de transport)
La gêne comporte des aspects très variés, qui n’apparaissent pas tous chez une même personne (cf. Vallet in Acoustique et Techniques n° 28, 2002) : masquage de la parole et perte d’intelligibilité, sous-utilisation des espaces extérieurs, et envie de déménager, dérangement et agacement, stimulation nerveuse sensorielle continue, réactions physiologiques ; en plus de la perturbation d’une activité précise la personne garde le sentiment d’un dérangement , ce qui contribue à renforcer la gêne générale.
On peut estimer aujourd’hui que la gêne est liée à 3 grands facteurs :
- le bruit nommément désigné : trafic urbain, routier, trains, avions, voisinage, commerces
- le bruit des autres sources, qui sont nombreuses et souvent fortes (activités intérieures au logement, niveaux acoustiques à l’intérieur des transports, loisirs) cf une journée type INRETS pour la revue « Ca m’intéresse » ou les résultats de M.Larnaudie (EchoBruit n° 100)
- les facteurs non-acoustiques : la peur des accidents routiers ou d’avions, la perception d’une faible mobilisation des hommes politiques pour améliorer la situation, la crainte d’effets sur la santé, etc.
A coté de la réduction du bruit, qui n’a un effet sur la gêne que si elle atteint 6 dBA - d’un seul coup- on peut recommander une sorte d’hygiène vis à vis du bruit et d’éviter une exposition à d’autres sources de bruit. La cartographie détaillée du bruit permet actuellement aux habitants d’Augsburg de connaître le niveau de bruit de leur futur logement. Les pouvoirs publics ont intérêt à faire connaître leurs efforts, afin de réduire les attitudes négatives des personnes exposées, même s’il existe un risque pour que l’information augmente la sensibilité de la population.
La gêne peut évoluer, souvent par une adaptation au bruit, dont certains auteurs ont tenté d’évaluer le coût aussi bien psychologique que physiologique. La gêne évolue parfois vers des troubles du sommeil (cf. exposé de A.Muzet), puis des ennuis de santé. On a estimé que 4 à 5% de la population exposée au bruit peut développer des troubles psychosomatiques modérés. Mais dans la plupart des cas la gêne due au bruit demeure une nuisance psychologique, difficile à éliminer
Date de création : 30/09/2011 - 21:27
Dernière modification : 18/10/2011 - 21:21
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